Politique locale | | 09/02/2008
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Qu’il est beau le haut débit… et le très haut débit très beau !

Qu’il est beau le haut débit… et le très haut débit très beau !

Haut-débit de bon niveau (autour de 10 Mégabit/seconde) pour tous les Nogentais qui le souhaitent et très haut débit (100 Mb/s) à un horizon plus ou moins proche, voilà deux défis sur lesquels plusieurs candidats proposent des solutions distinctes. Sur le terrain, un projet de déploiement de fibre optique (qui évidemment ne fait pas l’unanimité parmi les listes) est déjà en cours, sous l’égide du Sipperec, syndicat intercommunal réunissant 86 villes dont la nôtre.

Haut ou très haut-débit ?
Avant de rentrer dans les détails, rappelons (en bref et simplifié) la distinction entre haut et très haut débit. Si vous savez déjà tout, vous pouvez sauter ces deux paragraphes.

L’ADSL, principale technologie haut-débit déployée en France
Le  haut-débit permet de transmettre les données à une vitesse allant de 512 Kb/s à 20 Mb/s contrairement aux connexions (pré)historiques par modem analogique (celles qui faisaient du bruit et empêchaient l’usage simultané du téléphone) qui permettent un maximum de 56 Kb/s.  Le haut-débit en France repose principalement sur deux technologies : le câble et l’ADSL (technique consistant à faire passer les données sur la liaison téléphonique en utilisant des ondes différentes de celles utilisées pour la voix). (Il faudrait aussi citer la technique RNIS, commercialisée par France Télécom sous la marque Numéris et permettant jusqu’à 2mb/s, devenue obsolète avec l’ADSL). La France compte aujourd’hui plus de 11 millions d’abonnements haut-débit, soit 23 millions d’internautes (sur un total de 30 millions). L’ADSL, plus facile à mettre en œuvre que le câble, compte à lui seul plus de 10,5 millions d’abonnements. Le haut-débit permet de surfer sur Internet dans de bonnes conditions et de télécharger des fichiers volumineux comme des images, de la musique ou de la vidéo, mais aussi de téléphoner sur Internet ou de regarder la télévision. Ce progrès a donné lieu à de nouvelles offres de services de la part des opérateurs comme le « triple play » qui associe accès Internet, téléphonie illimitée (sauf certaines destinations) et télévision. De nouvelles applications nécessitent toutefois une connexion encore plus importante, comme la télévision haute définition ou encore la vidéosurveillance.

La fibre optique, à la vitesse de la lumière
Capable de transmettre des signaux lumineux, la fibre optique permet d’obtenir des débits nettement plus élevés. Des chercheurs japonais ont même réussi à atteindre les 14 Térabits par seconde (soit 14 000 Gbs)… Plus concrètement, le débit attendu par la fibre optique, pour des particuliers se partageant une même fibre est plutôt de l’ordre de 100 Mb/s. Déjà utilisée sur les grandes distances pour ses qualités de propagation, elle commence à être déployée jusqu’à l’usager (ce qu’on appelle la boucle locale). En France, les premières offres ont démarré dans quelques quartiers ou banlieues de très grandes villes ainsi qu’à Pau, ville pionnière en la matière. Les opérateurs descendus dans l’arène, Orange, Neuf Cegetel, Free et Numéricâble proposent des forfaits TV+Internet+ Téléphone qui démarrent à 30 €. A comparer en tenant compte des options et du débit, en émission et  réception. (Pour info, le débit en réception est généralement plus important, c’est du reste cette asymétrie qui explique l’acronyme ADSL- Asymetric Digital Subscriber Line.) Voyons maintenant la situation sur Nogent.

ADSL à Nogent sur Marne : quelques zones d’ombre
L’accès ADSL à Nogent sur Marne repose sur deux nœuds de raccordements aux abonnés (NRA), desquels partent toutes les connexions vers les particuliers. Le premier se trouve à Fontenay, le second au Perreux. Nogent sur Marne ne dispose pas aujourd’hui de son propre NRA. Or, dans le cas de la technologie ADSL, la qualité du débit se détériore au fur et à mesure de la distance. Concrètement donc, les foyers nogentais situés loin du Perreux et de Fontenay ne bénéficient pas de la qualité de service optimale, indispensable pour certaines applications comme la télévision sur Internet. Le problème, comme l’explique Michel Romanet-Perroux, premier adjoint au maire, notamment responsable de ces questions, est que : «France Télécom ne souhaite pas investir dans un NRA supplémentaire, qui serait implanté à Nogent, en raison du coût, évalué à 300 000 €. L’une des solutions serait de mutualiser la gestion de ces infrastructures qui ont été construites avec des fonds publics mais bénéficient aujourd’hui à un opérateur devenu privé. C’est une réflexion qui avance, mais lentement, au niveau national. » Un sujet dont s’est en tout cas emparé la liste de Marie-Anne Montchamp, qui s’engage à investir techniquement pour résoudre le problème, dans le cadre de son projet Nogent numérique. Lire à ce sujet les propositions détaillées sur le site d’un des membres de son équipe, Dominique Kirsner , consultant spécialisé sur ces questions, qui tient également un blog professionnel .  Un premier pas – mais qui ne résoudra le problème des  habitants qui ne souscrivent pas à ce type d’abonnement, faute de moyens.

Fibre optique à Nogent : maintenant ou plus tard ?

La mise à disposition du très haut débit, via la fibre optique, constitue également un objectif. Sur ce terrain, la liste qui promet le plus est celle de Marc Arazi. Ses propositions sont détaillées sur son blog de campagne. Ce dernier fait de cette technologie non seulement un enjeu de développement économique mais aussi d’esthétique urbaine, grâce à l’opportunité d’enfouissement des différents câblages disgracieux de la ville, ainsi que de santé publique car la fibre optique n’émet pas d’ondes électromagnétiques. Pour financer ce colossal investissement (coût moyen par prise évalué entre 500 € et 1500 € selon les déclarations du Sipperec), le candidat propose de s’appuyer sur les opérateurs privés, en leur facilitant les démarches, notamment en termes de connaissance fine du terrain et de mise en place des travaux – mais pas en investissant directement. Cette proposition a été débattue sur ce blog entre Laurent Bernat (co-listier de Marc Arazi) et DJ (co-listier de Laurent Dupuis), mais qui positionne clairement cet objectif comme l’une des priorités. Dominique Kirsner semble plus mitigé, qui préfère dans un premier temps réserver cette infrastructure aux bâtiments communaux, notamment les écoles, se référant aux objectifs du rapport Attali.

Projet Opalys : 13 communes dont Nogent sur Marne
En attendant, un projet est déjà sur les rails, sous l’égide du Sipperec (Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’électricité et les réseaux de communication). Ce syndicat regroupe 86 communes de la région parisienne pour gérer ensemble l’électricité ainsi que cinq autres compétences optionnelles, dont les télécommunications. Afin de stimuler le déploiement de la fibre optique, ce syndicat a confié il y a un an, suite à un appel d’offre,  une délégation de service public sur une durée de vingt ans à un opérateur de télécommunications, LD Collectivités , filiale de Neuf Cegetel, pour mettre en place une infrastructure qui sera ensuite exploitée par des opérateurs concurents pour proposer des offres aux usagers.  Ce projet, baptisé Opalys , concerne 13 villes qui n’ont pas bénéficié du câble, dont Nogent sur Marne. Concrètement, l’objectif est de relier,  d’ici à la fin 2008,  22 400 logements (répartis sur les 13 communes), soit 25 000 prises et 400 colonnes montantes (les gaines techniques qui dans chaque immeuble accueillent aussi bien les tuyaux de gaz que l’électricité, câble…). Après cette première étape qui représente 10 % du parc, les autres quartiers seront reliés progressivement d’ici … 2026.

Un investissement de 61 M€ côté opérateur, 3,3 M€ côté Sipperec

L’opérateur s’est engagé à investir 61 M € dont 9,7 M € au cours des 24 premiers mois. Le Sipperec contribuera à hauteur de 3,3 M €, versés en fonction de la réalisation des travaux. Cette somme correspond aux pénalités payées par le câblo-opérateur Noos (fusionné depuis avec Numéricâble) qui n’a pas rempli ses objectifs dans le cadre d’un précédent projet d’installation du câble. L’infrastructure de fibre optique s’appuiera sur la technologie GPON (Gigabit Passive Optical Network). La technologie PON implique un partage de la fibre par plusieurs abonnés, contrairement à la FTTH (Fiber to the home) qui alloue une fibre par usager. Il existe également des architectures mixtes qui amènent la fibre jusqu’au quartier ou à l’immeuble pour terminer en DSL. Le PON est un peu moins coûteux à installer mais assure un débit plus limité (qui peut tout de même aller jusqu’au Gb/s). Dans le cas du projet Opalys, l’objectif est de proposer une bande passante de 100 Mb/s. Cette infrastructure devra ensuite être exploitée par des opérateurs pour formaliser les services aux usagers. Plusieurs concurrents doivent pouvoir se raccorder au réseau et proposer des services complémentaires. Porte-parole du Sipperec, Catherine Dumas rappelle en outre que : « ce projet n’empêche pas d’autres initiatives d’opérateurs pour mettre en place de la fibre optique dans ces 13 communes. »

De la fibre optique à La Corniche avant la fin de l’année
Sur Nogent, le déploiement partira du réseau de fibre noire (fibre brute, installée mais pas encore active) mis en œuvre dans le cadre du projet Irisé , également initié par le Sipperec, via une délégation de service public à la société Irisé (détenue principalement par LD Collectivités et la Caisse des dépôts et consignations). Ce réseau relie aujourd’hui entre elles toutes les communes de la petite couronne ainsi que des universités et hôpitaux. A Nogent sur Marne, il passe boulevard de la Marne. D’après les explications de l’adjoint au maire, Michel Romanet-Perroux, qui représente la ville de Nogent sur Marne au sein du Sipperec, le déploiement est prévu comme suit : « Le réseau démarrera à partir de la rue de Beauséjour, au niveau du ‘crottoir’ à chiens puis desservira les immeubles de la Corniche (463 appartements), les rues Jean-Guy Labarbe, Victor Basch puis la Grande rue jusqu’au niveau du garage Sabrié. Cette partie qui concernera jusqu’à 55 colonnes montantes sera opérationnelle d’ici janvier 2009, à condition bien sûr de l’accord des syndics de copropriété. »

Et le reste, pour quand ?
Ce projet, s’il va de l’avant, pose questions à d’autres.  Dominique Kirsner s’interroge sur le rythme du déploiement à partir de 2009, craignant que les zones les moins denses ne soient laissées pour compte. Le débat qui suit sur son blog témoigne d’une inquiétude essentiellement motivée par le peu d’informations disponibles sur la nature du cahier des charges et les engagements à respecter par l’opérateur. Laurent Bernat se demande également sur son site, le Museau numérique , quelles seront les modalités techniques et commerciales permettant de garantir la concurrence entre les opérateurs censés exploiter cette infrastructure. La mise à disposition de ces détails, en toute transparence,  permettra peut-être de dissiper angoisses et malentendus autour de ce projet qui n’empêche en rien d’améliorer en parallèle la qualité de service ADSL.  Et d’accueillir d’autres projets fibre optique ou Wimax (haut débit, sans fil mais à ondes électromagnétiques…) impulsés par les opérateurs. Attendre 2026 pour bénéficier du très haut-débit alors que les nouvelles applications s’apprêtent à déferler risque en effet d’être frustrant pour le citoyen, sans parler des entreprises…

Petite décharge électrique pour conclure
Pour l’instant essentiellement utilisée, à l’intérieur des propriétés (et non pour y accéder) notamment dans des lycées et autres bâtiments publics, la technique CPL (courants porteurs en ligne) qui passe tout simplement (mais avec quelques bémols : problèmes d’interférence…) par le réseau électrique, a également fait l’objet d’une délégation de service public par le Sipperec (antérieurement à celle d’Opalys) en vue de raccorder l’ensemble des foyers des 86 communes membres du syndicat. Ce projet devait commencer son déploiement en 2007 pour s’achever entièrement d’ici 2011. La société délégataire n’est pas cette fois un opérateur de télécommunications mais un fabricant d’équipements de réseaux électriques, Mecelec. Son rôle est davantage celui d’un maître d’œuvre qui lève les fonds et coordonne que celui d’un opérateur capable d’investir et de porter directement le projet. Un peu court-circuité par l’annonce d’Opalys, ce projet CPL semble toutefois au point mort, mené par une entreprise, qui, au vu de ses communiqués, donne l’impression de se chercher encore, en matière de stratégie télécoms… Bref, mieux vaut parier aujourd’hui sur la fibre optique, l’ADSL ou le WiMax.

Liens utiles

Sur la fibre optique, dossiers pédagogiques
Le dossier de Tom’s Hardware, portail technologique
Le dossier d’Ariase, portail de comparatifs entre opérateurs
Site de l’atelier aménagement numérique des territoires, rattaché au ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durable.
Divers sur le sujet
Programme du gouvernement pour favoriser le haut débit
Article sur la bataille des opérateurs sur la fibre optique, sur le site l’Avicca
(Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel)

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